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L'écriture : un puissant outil thérapeutique

par Claire Sibille

publié dans STAGE , Je suis psy mais je me soigne !

Écrire à plusieurs effets thérapeutiques scientifiquement validés. Il me semble utile de les partager avant le lancement de mon atelier d'écriture mais aussi pour tous ceux qui hésitent à affronter la page blanche qu'ils imaginent. Par exemple des études ont été menées sur l’effet bénéfique du journal intime. Vous trouverez de nombreux articles sur ce thème sur Internet, mais je vous livre déjà trois secrets surprenants.

Écrire son journal intime tous les jours, c'est-à-dire écrire sur soi, depuis soi :

  • renforce le système immunitaire
  • renforce le sommeil
  • renforce la santé émotionnelle c'est-à-dire la capacité à relationner avec ses émotions

Vous vous y attendiez ?

Si j'essaie de personnaliser ces bénéfices prouvés scientifiquement, je rajouterai :

  • Écrire vide la tête et permet d'accéder à un état de plénitude, comme une méditation.
  • Écrire permet de sortir du sentiment d’impuissance. Quelques exemples : transformer en action la rage que je ressens par rapport à nos gouvernants sur à peu près tous les sujets, arriver à s’affirmer face à une figure d’autorité où la parole est difficile, contenir des émotions débordantes, nommer un conflit (faits, sentiments, besoin, demande), affronter une terreur ou un traumatisme du passé comme si quelqu’un m’écoutait enfin, … Dans tous les cas, après avoir écrit, je me sens moins seule, moins isolée, moins impuissante. Apaisée.
  • Écrire est un acte de création du monde : à un certain moment, l’écriture sort de l’expression pour devenir création. Depuis l’âge de 7 ans, où mon premier poème a été publié dans le journal paroissial, j’ai écrit un nombre très important d’articles professionnels, j’ai créé un blog pour me permettre l’expression libre et intime, j’ai publié un essai professionnel et deux livres atypiques, écrit un nombre important de nouvelles, et finalisé récemment deux romans. Mais j’ai toujours continué d’écrire mon journal intime.
  • Écrire, si vous le faites avec l'intention d'être lu.e, permet de partager l’intime avec le monde. La plupart de mes écrits portent sur des sujets vécus ou qui me tiennent à cœur. Cette précision est importante. Car la création peut être plus ou moins reliée à l’intime. Et l’imaginaire pur a toute sa place et ses propres bénéfices.

Je vous livre ces mots du dernier roman d'Amélie Nothomb, Le livre des Sœurs, sur l'écriture, que je partage entièrement, même si je n'aime pas tous les romans de l'auteure :

"Elle en avait dit, pourtant, de tels mots, à sa sœur. Les écrire n’avait rien à voir. Il s’agissait d’une autre fonction du langage. C’était comme chanter après avoir longtemps parlé. Le chant provenait d’une voix autre qui engageait l’âme."

Dans le métier de psy, beaucoup de paroles sont exprimées, et c'est bien. Mais si elles ne sont pas "enchairées" dans l'émotion et le corps, rien ne se passe. L'écriture est une remarquable façon de mettre en chair l'émotion, autant dire de renaître, de se réinventer, parfois la seule manière de survivre, et dans tous les cas, un remarquable outil de transformation.

C'est intéressant qu'Amélie Nothomb parle d'âme et que je vous parle de chair.

Le point commun ? La densité.

Je me souviens d'un lointain formateur en psycho qui nous interpellait sur le fameux "sens de la vie". Certes une formule qui ne veut pas dire grand-chose, tant la vie trouve son sens toute seule quand on ne l'en empêche pas trop. Le but de l’incarnation ? nous interpellait-il, c'est l'incarnation !

Le but de la vie serait-il tout simplement la vie ?

C'est un processus que j'expérimente pleinement dans l'écriture. Le but de l'écriture, c'est d'écrire. Quand les mots coulent de source, le vivant se fluidifie à l'intérieur de moi, j'imagine que c'est le cas pour tout acte créateur. D'ailleurs j'ai pu l'expérimenter dans d'autres arts et pratiques, mais jamais avec autant de fluidité.

Je pense que c'est parce que la discipline quotidienne est venue donner un contenant à l'élan vital et créateur.

J’écris, et le monde s’apaise

C’est un des points communs que j’ai avec Amélie Nothomb. Sans l’écriture, je serais malade, folle ou terroriste.

Mais je sais partager, et j’utilise aussi l’écriture pour son effet thérapeutique avec les personnes que j’accompagne : lettres à écrire, et à réécrire au fur et à mesure de la transformation des émotions, par exemple pour un deuil. Journal intime créatif, c’est-à-dire incluant les dessins, les collages, tout ce que l’on veut, un vrai carnet de voyage thérapeutique. Les femmes et les adolescentes se l’approprient plus facilement que les hommes, c’est un fait. D’où j’en conclus que si les hommes écrivaient plus leurs émotions et leurs sentiments, le monde irait moins mal. Cette phrase, je l'ai écrite il y a plusieurs années et je l'ai repêchée dans mes notes pour cet article. Quelle surprise de l'entendre prononcer par Bernard Werber dans une intervention publique ! Si plus de gens écrivaient, le monde irait moins mal.  Les personnes qui s’approprient cet outil ne peuvent que constater son effet accélérateur de changement.

Je terminerai par un petit exercice de créativité libre et très simple. 5 mn chrono, ne pas déborder le temps. Prenez une feuille de papier et un stylo, pas l’ordinateur.

Écrivez ce que vous aimeriez écrire.

Voici ce que j’avais écrit il y a quelques années :

J’ai envie d’écrire un roman sur un beau cahier avec un stylo plume.

Il commencerait par quand j’étais petite, ou quand je serai vieille, ou quand je serai morte, ou avant que de naître.

Il serait écrit au passé composé de mille souvenirs mosaïques. Certains bleus comme le ciel et la mer des enfances heureuses, certains noirs et rouges comme les orages en montagne et les hommes à la grosse voix, certains jaunes et oranges comme le soleil de l’été, les rideaux de la chambre de maman, la robe des moines tibétains, la couverture de mon cahier de créations.

Il serait écrit à l’imparfait des choix que j’ai fait, des hommes et des femmes que j’ai aimés, des fautes non rattrapées, des erreurs que je ne me pardonnerais jamais.

Il serait écrit au plus que parfait de certaines images gravées au fer rouge ou à l’encre de chine dans les recoins de ma mémoire.

Il est écrit au présent, comme la création qui jaillit en flot continu.

Il sera écrit au futur …

Fin des 5 minutes.

 

 

 
 

Dernière ligne droite pour l'atelier d'écriture thérapeutique et créative, Écrire pour se réinventer. Inscriptions avant le 25 février.

Je vous remets (oui, encore !) la brochure ci-dessous.

Peut-être à bientôt.

L'écriture : un puissant outil thérapeutique

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PISSER DEBOUT !

par Claire Sibille

publié dans Alterégales

PISSER DEBOUT !

Une manière simple de déconstruire le patriarcat à l'attention des femmes courageuses

   S’il y a un symbole du masculinisme triomphant, c’est bien celui-là ! Un homme qui pisse, glorieux, au bord de la route, sur un parking ou simplement sur le bas-côté, feux de détresse allumés, se fichant pas mal des voitures qui passent et des coups d’œil – curieux, exaspérés, agacés, choqués - des femmes et des enfants…

   Je dis masculinisme et pas masculinité car je fais partie de ces femmes qui ont pu s’entourer d’hommes « déconstruits », comme on dit aujourd’hui, après de multiples essais-erreurs-traumatismes qui nourrissent mes nouvelles et romans, merci ! Ce genre d’homme va se garer sur un parking, cherche des toilettes publiques, et, s’il n’y en a pas, s’isole dans la campagne pour satisfaire son légitime besoin, comme nous les femmes, sans se sentir pour autant diminué.

   Mais pourquoi ne pas déconstruire aussi le féminin ? Non pas dans ses ressources profondes et si nécessaires aujourd'hui encore plus qu'hier, mais dans ce qui ne lui appartient pas ? Dans ce qui lui a été collé dessus par des millénaires de culture patriarcale ? Par exemple la difficulté de l’accès à la colère, l’affirmation de la légitimité de son besoin, de son désir, la capacité à prendre soin de soi avant de s’occuper des autres ?

   Pisser debout ? Je ne cherche pas à révolutionner l’usage des toilettes, pour ça je préfère faire la promo des toilettes sèches, voir mon article sur le sujet.

   Mais pisser débout :

  1. C’est jouissif. Essayez si ce n’est déjà fait, vous verrez, de préférence dans la nature, ou sous la douche mais quand l’eau ne coule pas sinon c’est de la triche.
  2. Ça libère de la dopamine qui vous fera attaquer la journée de manière « virile ». Allez, encore un peu d’étymologie. Viril, ne signifie pas seulement masculin, mais surtout la force et le courage, qualités considérées depuis l'Antiquité comme propres au « mâle humain » (Dictionnaire historique de la langue française, Alain Rey). Pourquoi alors ne pas se les approprier ?
  3. Certes, s'accroupir est aussi une posture jouissive, je réponds tout de suite à cette intelligente remarque, et très adaptée, par exemple pour l'accouchement. Mais justement, nous avons la chance de pouvoir faire les deux, en fonction du moment, et de notre désir ! Vive la complexité féminine.
  4. S’accroupir, c’est à nouveau se mettre en position basse pour accomplir nos besoins les plus primaires. D’un côté la fierté, de l’autre la honte. Si vous avez eu des enfants de sexes différents, vous avez dû, lors des longs voyages, vous rendre compte de la différence. Chercher le bon petit coin, suffisamment caché, pour que vos filles puissent se soulager, s’arrêter 10 secondes sur le bas-côté pour que vos fils fassent de même. Sans aucune injonction parentale, donc la culture est forte, et difficile à contrecarrer.

   Cette idée de position basse me rappelle une scène récente lors d’une dédicace, une parmi des milliers de situations identiques. La femme voulait acheter mon livre et se tournait vers l’homme, droit dans ses bottes, regard tourné vers l’horizon, les bras croisés. Elle avait un sourire séducteur et apaisant, un regard entièrement tourné vers lui, « ça ne te dérange pas que je l’achète, je pourrais aussi le faire lire à ta mère ? ». Dans sa grande bonté, l’homme a accepté, sans une parole, avec juste un petit hochement de tête. C’était un couple banal et éduqué, pas le genre sur lequel on projette burkas et autres formes de violences faites aux femmes. Il ne la frappait sans doute pas tous les soirs en rentrant du bistrot, quoiqu’on ne sache jamais. C’était un couple banal, comme vous et moi, ayant totalement internalisé les schémas relationnels patriarcaux de base. Tristesse. J’ai espéré un instant que mon livre lui donne le courage de vivre son destin de femme.

   Alors une ordonnance simple et thérapeutique, mes sœurs, pissez debout !

 

 

 

 

Tout est dit ! Mais merci quand même à Bruxelles d'avoir construit la version féminine de sa statue iconique.Tout est dit ! Mais merci quand même à Bruxelles d'avoir construit la version féminine de sa statue iconique.

Tout est dit ! Mais merci quand même à Bruxelles d'avoir construit la version féminine de sa statue iconique.

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