Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

cette societe - c'est la notre !

LES ENFANTS SYMPTÔMES DE LA RÉPUBLIQUE

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre !

LES ENFANTS SYMPTÔMES DE LA RÉPUBLIQUE

 

Deux infos m’ont fait monter les larmes aux yeux cette semaine, en dehors de l’urgence écologique, je précise car ça c’est tous les jours…

  • La première c’est d’apprendre que la cagnotte pour le policier qui a tué Nahel a dépassé le million d’euros alors que celle pour la mère de Nahel est autour de 100000 euros. Ça va peut-être bouger, j’en ai conscience, et ce n’est que de l’argent, mais c’est surtout un symbole.
  • La deuxième c’est quand le Président a dit que tout ça c’était la faute aux réseaux sociaux et aux jeux vidéos. Un commentaire d’une telle incongruence, que je ne peux que l'imaginer volontaire.

Je m’explique, avant de lire des commentaires disant que je soutiens les pillages ou que je ne pense pas qu’une police humaniste et républicaine est indispensable dans une société. Ou encore, surtout en tant que psy, que je ne vois pas les dégâts potentiels et réels des objets connectés.

Je n’ai pas voté pour Monsieur Macron. J’avais déjà cédé auparavant à l’appel au Front Républicain face au pire. Cette fois-ci je ne l’ai pas fait, et je ne le regrette pas. Je m’étais dit que face au pire, il était un autre pire, plus socialement comestible, plus propre sur lui en apparence, mais il représentait pour moi, et représente de plus en plus à mon grand regret, un pire inacceptable, en particulier en termes de destruction de la nature, de perte de la démocratie et d’injustice sociale. J’avais raison. Et ça, par contre, je le regrette. C’est pas toujours marrant d’avoir raison.

Quand il a fait dissoudre les Soulèvements de la Terre par l’intermédiaire de son bras armé, il a franchi un pas de plus, suivi de près par l’annulation de la possibilité pour Anticor de se porter partie civile. Depuis quelques mois planait sur la France l’attente du drame. 14 Manifestations inutiles, je les ai toutes faites, sauf pour sentir l’humanité autour de soi, délires paranoïaques bien orientés contre les « éco-terroristes » dans une totale inversion des mots. Comme dans la novlangue du roman "1984", la guerre est devenue la paix, et ceux qui protègent la nature deviennent des éco-terroristes alors que ceux qui la détruisent avec acharnement, en causant la mort de beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants au passage, sont des pourvoyeurs d’emploi et des bienfaiteurs de l’humanité.

Le drame aurait pu être n’importe quoi, mais c’est un gamin de 17 ans qui a servi de déclencheur. L’injustice sociale a doublé, de très peu, l’urgence climatique mais on est en France, encore un peu protégée des catastrophes environnementales.

Ce qui me frappe le plus chez les gens qui nous gouvernent, c’est la force du déni, j’en parle souvent pour d’autres sujets. Car le déni me préoccupe depuis l’enfance (même si je ne le formulais pas de cette façon), et encore plus depuis que je suis psy. Comme je ne pense pas que tous nos dirigeants soient sociopathes, du moins pas au sens psychiatrique du terme, j’imagine que quand ils se regardent dans la glace le matin ils trouvent de bons arguments pour justifier leur politique. Comment est-ce possible ? Si j’ai un jour la réponse à cette question, la réponse profonde, ontologique, j’aurais réussi ma vie ! Pour l’instant cela m’échappe. Malgré toutes les analyses sociologiques, psychologiques, littéraires ou poétiques, il y a en moi un refus d’acceptation, de compréhension profonde de ce déni.

Pourquoi nourrir toujours plus les portefeuilles de gens financièrement obèses ? Pourquoi détruire la planète avec autant d’acharnement ? Si ces gens étaient des gamins de banlieue, ils seraient déjà en tôle pour destruction du bien public et racket au profit des parrains. Mais ils sont nés du « bon » côté de la société, alors c’est eux qui mettent les gens en tôle, pour bien moins. Cette aberration logique, si répandue dans les gouvernements de notre planète, me pèse de plus en plus. Nous sommes en train de rejoindre le pire du pire à grandes enjambées. Et moi, comme beaucoup d’autres, je regarde l’étendue du désastre. Par chance, je fais partie des personnes qui ont des ressources pour pouvoir être protégée et ne pas me sentir totalement impuissante. J’ai même beaucoup de moments de bonheur, privilégiée que je suis. Mais la tristesse et la colère sont là.

Ce gamin est mort parce qu’un policier, pour des raisons qu’il ne m’appartient pas de juger, lui a tiré une balle dans la poitrine. J’essaie de m’imaginer. Quelqu’un s’enfuit, j’ai un revolver à la main, j’ai très envie de tirer mais je ne le fais pas. Pourquoi ? Parce qu’il y a tout un système culturel et éducatif, mais aussi une réalité ontologique, une justice intrinsèque, qui me protège de cette pulsion, ancrée dans une émotion légitime. Ouf. Pas de cadavre. Et moi en tant que flic je reste du bon côté, celui des forces de justice et de paix (gardiens de la paix quand même, c’est un des noms !), et je peux rentrer tranquille chez moi plutôt que de finir en taule.

La mort de ce gamin est donc le signe d’une rupture sociétale complexe, qui s’ancre depuis des années dans la colère populaire face au mépris et à l’indifférence, bien d’autres l’ont dit et analysé ces derniers temps, et le passage à l’acte de ce policier n’en est qu’un symptôme.

Acceptons que la mort de ce gamin est un fait complexe, bio-psycho-social. Ainsi que ses conséquences. En mettre la responsabilité sur les jeux vidéos, les réseaux sociaux ou le manque d’éducation de mères solo débordées et abandonnées à leur sort est d’une violence terrible.

En thérapie familiale on appellerait le flic auteur du passage à l’acte, comme sa jeune victime, des enfants symptômes. Ce sont eux qui font les conneries, tombent malades ou finissent par mourir, mais les responsables sont les parents. Et les parents ce ne sont bien entendu ni la mère de Nahel, ni même les parents ou la hiérarchie du flic, mais bien notre gouvernement et notre culture actuelle.

Quand on m’amène un enfant symptôme en thérapie, je mets tout en œuvre pour calmer l’enfant, mais je ne perds jamais de vue les parents. La plupart acceptent de reprendre le flambeau du travail à faire.

Ce policier, et ce gamin, font partie parmi bien d’autres des enfants symptômes d’une démocratie qui ferait bien d’aller en thérapie. Mais pour aller en thérapie, il faut sortir du déni, de la culture du pouvoir et de l’accaparation.

Nos dirigeants en sont très loin.

 

Dirigeants toxiques et enfants symptômes de la République
Dirigeants toxiques et enfants symptômes de la République

Dirigeants toxiques et enfants symptômes de la République

Voir les commentaires

INSOUMISES

par Claire Sibille

publié dans Cette société - c'est la notre ! , On peut choisir sa famille

INSOUMISES

Claire Sibille

Psychothérapeute, écrivaine

 

Résumé : Un peu en décalage avec la fête des mères, je voudrais écrire aujourd’hui sur ces violences quotidiennes faites au corps des femmes, autour et sous prétexte d’accompagner leur fécondité, que celle-ci débouche ou non sur une grossesse, je veux parler des violences gynécologiques et obstétricales. Et d’une alternative « féconde », celle des Maisons de Naissance.

Pour moi ça a commencé tôt. Premières règles à 11 ans chez le coiffeur de ma mère. Je ressens encore la chaleur moite, très réchauffement climatique avant l’heure, et les odeurs de produits chimiques supposés nous rendre belles. Terrassée de douleur, je m’évanouis. Démarrage du rituel bouillotte-paracétamol-trois jours au lit, qui me suivra jusqu’à ce que je prenne la pilule et quand je ne la prendrais plus, l’endométriose et le SPM (syndrome pré-menstruel) n’étaient pas tendance dans les années 70. Mais au moins j’étais au courant, on parlait de « ça » dans la famille. Ça continue à 14 ans par la violence d’une gynéco qui, après m’avoir initiée brutalement au spéculum, me fourre un miroir entre les cuisses sans me demander mon avis, pour m’expliquer les choses de la vie… Là on touche un sujet dont je parlerai un autre jour, mais qui me préoccupe tout autant, la violence des femmes faites aux femmes, et la manière dont certaines - trop - semblent avoir pour unique mission de perpétuer un patriarcat pur et dur, des fidèles encore plus fanatiques que leurs maîtres. Bon, je vous passe la suite, une longue série d’expériences médicales sanguinolentes et douloureuses, parfois assorties de jugements et de commentaires révoltants, je ne les tolérerai pas pour mes filles, tout est dit. Parfois une exception, comme ce médecin compatissant et respectueux de mon corps, un homme, lors d’une fausse couche tardive qui m’a amenée aux urgences. C’est aussi un homme médecin, Martin Winckler, qui a écrit le livre « le chœur des femmes » sur le sujet des violences médicales faites aux femmes. Il en a été tiré une très belle bd dont je vous donne les références à la fin.

En parallèle à la lecture de ce livre, une amie sage-femme m’a fait découvrir qu’une autre approche était possible, celles des Maisons de Naissance, mais qu’elle est trop souvent lourdement combattue par les pouvoirs en place. Comme la psychothérapie indépendante et les médecines naturelles. Tous ces professionnels respectent pour la plupart, pas tous c’est vrai, les apports indéniables de la médecine allopathique, mais se retrouvent mis au banc de la société normale. Le monde des gens bien qui acceptent de se bourrer de petites pilules de l’enfance à la mort tout en autorisant les pires abus sur leur corps, surtout les femmes, c’est prouvé statistiquement. Confiance en l’institution peut-être, manque d’affirmation face au Docteur, certainement. Une dernière anecdote me concernant, j’ai dû lutter face à la gynécologue qui voulait enlever mon utérus, ce sac à œufs qui ne me servait à rien (SIC). Ouf, je l’ai toujours, j’ai fini par apprendre à dire non.

L’approche douce et naturelle de la grossesse, de l’accouchement et de la maternité est privilégiée dans les Maisons de Naissance, ce qui n’empêche pas de faire appel à l’hôpital partenaire si les choses tournent mal. C’est un grand débat, noyé dans la masse des urgences sociétales auxquelles nous devons faire face aujourd’hui si nous ne sommes pas dans le déni.

La maternité, et la parentalité d’ailleurs, est un fait total, comme disent les sociologues. Elle présente des aspects biologiques, psychologiques, sociaux et ontologiques. C’est dur de voir qu’encore au 21ème siècle on a encore du mal avec cette approche complexe, et que les discours « tout bio », « tout social », « tout inné », « tout acquis », donc des pensées dualistes et clivées, ont encore de beaux jours devant elles avec tout ce que ça implique de jugement pour celles et ceux qui ne veulent pas rentrer dans ces moules, aussi ouverts, voire révolutionnaires, semblent-ils. Regardons par exemple le titre d’une émission de France Inter : « L'instinct maternel : une vaste supercherie, finalement assez récente ». Ce n’est qu’une émission parmi des tas d’autres qui diront le contraire, c’est normal. Mais ce genre de titre accrocheur dénie le vécu intime de beaucoup de femmes dans le souci légitime d’en déculpabiliser d’autres. Le problème étant comme toujours de se poser en dogme sous prétexte de science.

Les maisons de naissance luttent pour exister en France, mais aussi au Québec, comme vous le découvrirez dans le super roman « Les Insoumises » que je vous partage aussi en fin d’article. Elles sont un des lieux qui redonnent le pouvoir aux femmes sur leur corps, c’est-à-dire avant tout la confiance dans leur ressource. Elles donnent aussi toute leur place aux sages-femmes, ce métier si particulier qui permet une approche complexe et globale de la naissance. 

Mon amie me disait que beaucoup de médecins obstétriciens annoncent à la femme enceinte : « je vais vous accoucher » comme si c’était eux qui faisaient le travail, manifestant ainsi leur pouvoir, et trop souvent ils le font d’ailleurs, à travers des décisions par toujours justifiées autour des césariennes et autres actes chirurgicaux plus ou moins agressifs et traumatisants. Pour avoir accompagné bon nombre de femmes victimes de ce genre de pratiques et de dires abusifs, je ne peux que témoigner des souffrances émotionnelles en plus des blessures physiques que cela provoque.

Lors d’une discussion avec une jeune obstétricienne, j’ai pu entendre en direct le refus, la méfiance, la difficulté à perdre le contrôle et à n’intervenir que quand la situation le demande vraiment, en cas de grave problème. Cette jeune femme affirmait un non sans nuances aux Maisons de Naissance. Dommage, et preuve que ce n’est pas toujours une question d’âge et de génération.

Je termine avec une remarque écoféministe. La réappropriation de notre corps de femme, ne plus le laisser être un objet aux mains de médecins plus ou moins compréhensifs (je sais qu’il y en a de remarquables, je partage souvent leurs écrits), va de pair avec la réappropriation de la Nature par elle-même, ce que l’on appelle la Libre Évolution. La nature est perçue comme un objet exploitable par l’écrasante majorité des dirigeants mondiaux actuels, et un bon nombre des habitants de la planète.

Si nous ne changeons pas cela d’urgence, l’accouchement sera vraiment difficile…

 

Documents joints :

- Deux livres à lire d’urgence, surtout si vous êtes enceinte !

- Un superbe témoignage d’une sage-femme travaillant dans une maison de naissance. À lire absolument, … surtout si vous êtes enceinte !

- Toujours de la même personne qui a déménagé du Tarn à la Bretagne, une pétition pour soutenir une maison de naissance.

- Protégeons le Vivant : Un recueil bénévole pour soutenir la Nature en libre évolution.

Une bien belle BD, d'utilité publique, tirée du roman du même nom écrit par le médecin Martin Winckler.

Une bien belle BD, d'utilité publique, tirée du roman du même nom écrit par le médecin Martin Winckler.

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 > >>