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adopter sa famille

La mère Noëlle, une employée sans papier … cadeau ?

par Claire Sibille

publié dans Adopter sa famille , Alterégales , Le quotidien c'est pas banal !

La mère Noëlle, une employée sans papier … cadeau ?

 

Pourquoi le Père Noël – travailleur immigré sans papiers, je vous le rappelle - est-il seul à s’occuper des cadeaux de Noël, en contradiction totale avec la réalité des familles ? Veuf ? Célibataire endurci ? Gay n’osant pas faire son coming-out ? Moine échappé du couvent ayant teint sa bure en rouge pour se planquer ? Auteur de féminicide ayant brûlé le corps de sa femme dans la cheminée ?

Les hypothèses sont multiples.

J’aime imaginer qu’il a planqué la Mère Noëlle dans son garage, travailleuse sans papiers surexploitée, à la fois victime, esclave et bouc émissaire du capitalisme, il faut le faire ! Après tout c’est à Coca-Cola que l’on doit dans les années 30 l’hégémonie du Père Noël et la disparition de la Mère Noëlle.

Son boulot a été INVISIBILISÉ, normal, c’est du boulot de femme.

Alors double peine pour la Mère Noëlle !

Ainsi, dans la série des mythes patriarcaux qui font hésiter entre le rire et les larmes, il y a celui qui consiste à écrire une lettre au Père Noël ... en sachant que c'est sa femme qui fera office de secrétaire et qui s’occupera des cadeaux, du repas et autres charges mentales des festivités familiales, sauf peut-être les plus agressives, comme couper le sapin et ouvrir les huîtres !

Pourtant la Mère Noëlle existe depuis 1849, elle préexiste même au Père Noël. C’est elle au début qui distribuait les cadeaux nous dit la légende, que vous écouterez sur la courte émission de France Inter (3 mn, lien en bas de page) qui lui est dédiée.

Comme beaucoup d’autres héroïnes, elle a été effacée de l’histoire parce qu’elle a fait l’erreur … de tomber amoureuse et de se marier.

Alors vite reléguée dans la cuisine et au garage avec les lutins pour s’occuper des tâches du quotidien, elle a dû laisser son mari faire la Une des médias en lissant sa longue Barbe et paradant sur son traîneau.

Car si vous faites une recherche sur Google, les images que vous trouverez de la Mère Noëlle, à part quelques bienveillantes grand-mères, sont les fantasmes sexuels de quelques obsédés à la limite de la pédophilie, alors que le Père Noël apparaît dans toute sa gloire, et reste dans les clous de l’enfance telle qu’elle est imaginée par les adultes.

Il n’y a pas de petit combat pour défaire la violence du patriarcat, qu’elle s’exerce sur les femmes ou sur la nature. Les mythes sont à renouveler, les imaginaires à changer.

C’est urgent.

Alors, chers parents, n’oubliez pas la Mère Noëlle quand vous raconterez des histoires à vos enfants. Cherchez des livres chez votre libraire préféré, et n’hésitez pas à les partager si vous en connaissez. C’est pour cela que je vous offre un coloriage de la Mère Noëlle dessiné par Fanny Pierot, ça changera un peu vos petites têtes multicolores (car pourquoi toujours BLONDES ?).

Les vacances et les fêtes familiales sont souvent laborieuses pour les mères de famille. Et ces tâches quotidiennes que sont l'entretien d'une maison, le fait de nourrir une famille et d'animer - au sens profond de "rendre vivant" - un calendrier de fêtes est un emploi à temps complet, constant, nécessitant des compétences d'organisation, de créativité aussi. Et si vous faites partie des Noëlistes zéro déchet ou no conso, c'est (presque) encore pire, car il faut compenser par le travail et l'imagination ce que vous n'achetez pas au supermarché du coin. Or ces tâches, encore aujourd’hui, sont accomplies à 90% par les mères et invisibilisées.

Quand elles sont parfois récupérées par un homme, comme dans le cas du Père Noël, on ne sait alors par quelle magie, les mêmes tâches se retrouvent transformées en exploit, en exemple de dévouement et de générosité.

Sûrement une histoire de longueur de barbe…

Claire Sibille

Écrivaine et Psychothérapeute

Remarques :

- Je ne parle dans cet article que de celles et ceux qui ont accès à ses moments familiaux, pour lesquel.les ils sont même joyeux !  Pour les autres, pour celles et ceux pour qui Noël n’est pas un cadeau, j’ai écrit déjà plusieurs articles dans ce blog, tapez « Noël »…

- Après les coordonnées de l'émission de France Inter, mon dernier post sur le Solstice d'hiver en carrousel photos.

La Mère Noëlle en a assez ! Par Fanny Pierot, et coloriage.
La Mère Noëlle en a assez ! Par Fanny Pierot, et coloriage.

La Mère Noëlle en a assez ! Par Fanny Pierot, et coloriage.

La mère Noëlle, une employée sans papier … cadeau ?
Apprivoiser la Nuit
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Apprivoiser la Nuit

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APPRIVOISER LA NUIT

par Claire Sibille

publié dans Adopter sa famille , Ecothérapie , Le quotidien c'est pas banal ! , On peut choisir sa famille

APPRIVOISER LA NUIT

Quelques éléments pour mieux vivre le Solstice d’hiver,

une étape essentielle du Calendrier du Vivant

 

Cette nuit, c’est le solstice d’hiver, la nuit la plus longue de l’année.

C’est le temps, ou plutôt c’était le temps avant les écrans, des histoires contées au coin du feu…

Alors commençons par l’une d’entre elles, qui nous vient de très loin dans l’espace et le temps, d’un lieu où notre Noël chrétien n’a jamais existé.

La vieille femme et la lampe

Un soir, le bouddha devait parler sur une montagne. Une foule immense l’attendait. Comme la nuit tombait, chacun alluma une lampe pour l’accueillir. Une vieille femme arriva, portant une lampe de taille et de qualité bien inférieures à toutes les autres car elle était très pauvre, elle avait été jusqu’à vendre ses cheveux pour pouvoir acheter un peu d’huile pour sa petite lampe. Une tempête se leva soudain. Elle éteignit toutes les lampes, exceptée celle de la vieille femme : du fait de sa petite taille, elle avait été protégée, et sa flamme restait seule à briller dans l’obscurité. Le bouddha prit alors la lampe et ralluma une à une toutes les autres, puis il dit : « Tant qu’il restera une étincelle, toutes les lampes pourront être rallumées ».

Un message d'espoir très en phase avec l'actualité !

Le solstice représente un des quatre moments essentiels du cycle de l’année. Dans la vie quotidienne, encore plus dans ces périodes de surconsommation, nous nous laissons souvent prendre dans le temps qui passe et se disperse à la poursuite d’objectifs, essentiels ou secondaires, qui nous paraissent suffisamment importants pour oublier notre origine et notre fin. Ce temps qui passe, qui use, qui nous fait vieillir quand on en a la chance, et un jour mourir, les anthropologues des religions l’appellent le temps profane. Étymologiquement le temps « hors du temple ». Mais il existe un autre temps, qu’ils appellent le temps sacré. Le sacré, étymologiquement « séparé, à l’intérieur du temple », est une qualité du temps qu'il est bien inutile d'associer à une religion si vous n'en n'avez pas besoin. C'est un état de conscience intime, porteur de sens et de conscience. La nature nous le montre à travers le renouvellement cyclique de ses saisons. Nous pouvons tous le percevoir dans certains instants émotionnellement chargés, comme quand nous sommes amoureux. Ces moments paraissent durer une éternité, ou même nous projeter en dehors du temps. Alors que les journées passées sous le poids de la charge mentale, émotionnelle et physique de la vie quotidienne, même si elles sont lourdes à porter, semblent défiler à toute allure.

Dans le monde humain, ce temps nous est régulièrement rappelé à travers l’enchaînement des fêtes. Ces fêtes ont été reprises par la société de consommation, l’équivalent actuel de notre religion dominante, et le sens profond en a pratiquement disparu. Sauf peut-être à Noël, version chrétienne du solstice d’hiver, à cause de la dimension de la famille et de l’enfance. Mais l’équinoxe de Printemps (Pâques), le solstice d’été (Saint Jean) et encore plus l’équinoxe d’automne ont quasiment disparu de nos mémoires collectives en ce qui concerne leur symbolique et l’opportunité qu’ils donnent de faire un arrêt sur images et se poser quelques questions essentielles.

C’est dommage, car la rupture que permet le vécu de ce calendrier du vivant, et la fête qui y est associée dans toutes les civilisations quels que soient le lieu, l’époque et la religion, c'est à-dire, étymologiquement, la manière de se relier à l'autre et à l'univers, permettent une ouverture de conscience, voire l’irruption d’un autre monde, d’un autre état de conscience. Si nous pouvons ressentir individuellement cet autre temps dans la communion avec la nature, dans l’art, dans l’amour, dans des pratiques de méditation, la fête a en plus une dimension collective. Elle rythme le temps, lui donne un sens, un axe, et lui permet par là-même de devenir nourriture de la conscience.

Une fête se vit en trois temps, comme une valse : la préparation, le vécu, la réintégration dans un quotidien régénéré.

Alors, avons-nous bien préparé le solstice d’hiver ? Où Noël si cela vous parle plus ?

Le temps de l’Avent recouvre la période des quatre semaines précédant et préparant Noël. Associé au signe astrologique de feu du Sagittaire, il nous permet, comme ce grand voyageur sur son cheval, de nous dépouiller petit à petit de tout ce qui n’est pas essentiel. Dans la nature, les dernières feuilles encore accrochées aux arbres sont obligées de lâcher prise. Légèrement en contradiction avec notre vécu moderne de cette période… Cet éternel errant trouvera-t-il enfin, dans la nuit du solstice, l’étable où se poser après avoir parcouru le monde ? L’Avent, c’est l’avant, le temps de la préparation et de l’espérance. Mais c’est aussi l’aventure, la plongée dans l’inconnu, dans les ténèbres de l’inconscient où rodent les ombres et les démons. Et c’est encore l’avenir, qui nous faut accueillir en nous dépouillant, car comment remplir d’eau claire une coupe déjà pleine de tout un passé d’eau stagnante. Cette eau stagnante qui a marqué le mois de novembre.

Dans certaines régions et pays du Nord, on a gardé la couronne de l’Avent faite de branches de sapin et de houx, symboles de la victoire de la vie par leurs feuilles persistantes. Elle porte quatre bougies que l’on allume à tour de rôle chaque dimanche précédant Noël pour soutenir le soleil dans son combat contre la nuit. Au solstice, à minuit, le soleil est au plus bas de son cycle. L'homme a peur qu'il ne puisse plus remonter, et vient l’angoisse ancestrale qu’il meure et disparaisse, d’où les lumières qu’il nous faut allumer pour l’aider, des bougies et un feu de cheminée, c’est mieux et plus écologique !

Si la conscience du temps est indispensable, l’organisation d’un espace dédié, lieu de la fête, ne l’est pas moins. La profusion de Noël nous a fait oublier que le lieu symbolique du solstice, dans notre civilisation chrétienne, est l’étable. Un lieu chaleureux certes, mais simple, où l’on garde la conscience du froid qui règne dehors et de ceux qui n’ont pas trouvé d’abri. C’est un lieu toujours ouvert à l’autre, l’étranger, celui qui passe, et qui pourra dormir dans le foin.

Diverses traditions nordiques ont survécu dans notre façon d’organiser Noël.

Le sapin de Noël : les Celtes et les civilisations nordiques pré-chrétiennes nous ont légué ce sapin, roi de la forêt hivernale, axe du monde reliant le ciel et la terre, symbole de la victoire de la vie par ses feuilles persistantes. Décorons-le d’abord de ciel : guirlandes argentées rappelant la Voie lactée, boules dorées pour les planètes, sans oublier l’étoile qui montre le chemin. Puis décorons-le de terre : bonbons, fruits, blé, objet en paille montrant l’abondance de notre Terre, et la générosité qui consiste à donner sans rien attendre en retour, donner simplement car c’est naturel.

Dans le solstice chrétien, le bœuf et l’âne qui entourent la crèche montrent le chemin de l’humilité liée à notre condition d’être terrestre, car humilité vient d’humus, la Terre Noire. Le nouveau-né est à la fois le symbole de l’extrême faiblesse mais aussi de toute la force du renouveau. Les parents veillent, protègent, nourrissent, accueillent. Et les rois mages montrent que tout le pouvoir de la terre ne peut que s’incliner face à ce mystère de la vie et de la renaissance de la lumière. D’ailleurs les bergers nous rappellent cette vocation de nomades, de passants sur la terre.

Chez les peuples nordiques, la bûche était mise à brûler pendant la nuit du solstice. Puis sa cendre servait comme protection contre les incendies, les esprits, les sorciers. Elle était aussi utilisée pour aider à la fécondation du jardin potager et du verger. Chez les germains, on appelait cette nuit le soir du bois qui brûle. Ce n’est pas beau ?

Que vient faire le Père Noël dans tout ça ? Reprise américaine de Saint-Nicolas, le patron des enfants, et plus anciennement du dieu Janus des Romains (qui a donné le mois de janvier), il vient nous rappeler le poids et le sens de nos actions. Janus avait deux visages, un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir. De même Saint-Nicolas est accompagné du père fouettard, ou Vieux bonhomme hiver, qui vient nous débarrasser un peu brutalement du poids de nos erreurs passées. Nous trouvons une variante féminine du Père Noël avec Sainte Lucie, toujours précédée de son double obscur, Vieille dame la sorcière. Ces vieillards symbolisent aussi la nécessaire transmission au vivant qui renaît.

Dès l’aube suivant la nuit du solstice, cette année dans la nuit du 20 au 21 décembre, les nuits diminuent pour laisser de plus en plus de place à la lumière, lumière qui n’aurait pas pu naître si cette nuit obscure ne l’avait accouchée. En accompagnant les cycles de l’année, l’homme devient acteur, il devient un allié du vivant. Alors entre deux paquets à mettre au pied du sapin, le ménage, la préparation des repas, l’accueil des proches, garder un œil sur notre petite bougie intérieure peut faire partie de la liste infinie des tâches qui nous incombent si nous sommes en famille. Au minimum pour ne pas oublier de prendre soin de nous et ne pas finir les vacances aussi raplapla que le soleil...

Joyeuse fin d'année !

 

 

Deux nuits avant le solstice 2022

Deux nuits avant le solstice 2022

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